
A l’iniative d’Atoubaa, dans le cadre du workshop intitulé « Lettre à Marthe » que les promotrices du site organisaient en collaboration avec la galerie Mokolo en décembre 2018 à Douala au Cameroun, j’ai accordé un entretien visant à présenter mes travaux de recherches sur la participation politique des femmes camerounaises ( vidéo de l’entretien)
Lettre à Marthe :
« Pendant une longue période au Cameroun (des années 1960 jusqu’au début des années 1990), il était interdit, même dans un cadre scientifique et de recherche, de parler de l’histoire du Cameroun et de ses acteurs, principalement en ce qui concerne la période de la décolonisation. » cette phrase tirée d’un article de Etienne Segnou, doctorant en sociologie politique, sur “le nationalisme camerounais dans les programmes et manuels d’histoire du cameroun” résume assez bien la place minime que les luttes pour l’indépendance occupent aujourd’hui dans la mémoire collective camerounaise. Et si les noms Um Nyobè, Félix Moumié et Ernest Ouandié évoquent peut-être quelque chose, qu’en est-il de Marthe Ouandié, Marthe Moumié, Marie-Irène Ngapeth ou encore Gertrude Omog ? Des femmes, elles aussi engagées et mobilisées politiquement, qui ont défié l’ordre social et colonial mais dont les contributions ont nettement moins de résonance que celles de leurs homologues. D’où l’intérêt des travaux de doctorat de Rose Ndengue, chercheuse en histoire et en science politique, dont la thèse « Femmes, sphère publique et pouvoir politique en post-colonie. Le cas du Cameroun (1945 – années 2000) » vient combler un vide insoupçonné : Comment s’organisaient ces femmes ? Dans quelle mesure leurs actions questionnaient les normes de genre dans la société coloniale camerounaise ? Qui étaient-elles et qui sont-elles aujourd’hui ?
La postérité, la transmission et la mémoire étant des thèmes essentiels pour Atoubaa, nous organisons notre premier workshop créatif à Douala, inspiré du travail de Rose Ndengue, en partenariat avec la galerie Mokolo. Ainsi, le 15 décembre prochain pendant une demi-journée, vous serez invités à apprendre, discuter et créer pour tenter de réinsérer les femmes camerounaises au centre des luttes politiques pour leur émancipation et pour l’indépendance du Cameroun.